Hautes Écoles et ONG se penchent sur la « Souveraineté alimentaire »

Durant une semaine, les 5 hautes écoles d’agronomie wallonnes ont accueilli, tour à tour, trois OGN pour développer des activités d’éducation au développement : SOS Faim, Aide au Développement Gembloux – ADG et Vétérinaires sans frontières – VSF. Celles-ci étaient accompagnées de partenaires originaires du Sénégal, du Bénin et du Niger. Pour cette série d’animations, les partenaires ont choisi de mettre en avant un produit de consommation de base, en crise depuis plusieurs années : le lait.

Pour introduire la thématique, la présentation d’une vidéo, sous forme d’un micro-trottoir : des étudiants d’un campus bruxellois s’expriment sur le prix du lait et sur la crise du lait en Belgique. Les réponses ne sont pas toujours exactes, voire carrément à côté de la plaque, et l’objectif de la journée consiste à ce que les étudiants en agronomie soient plus à même de se positionner sur le sujet.

Ensuite, les étudiants sont répartis en 3 sous-groupes : les politiques, les producteurs et les consommateurs. Leur mission ? Sortir la filière « lait » de la crise. Pour y arriver, une série d’articles défendant différents points de vue sont à leur disposition, mais on compte aussi sur leur savoir et expertise en tant qu’étudiant en agronomie.

Des questions centrales sur la filière du lait…

Que ce soit à Huy, Ath, Ciney, La Reid ou Fleurus, les mêmes interrogations reviennent sur la question des quotas laitiers. Certains défendent le maintien des quotas pour stabiliser les prix et limiter les importations ; d’autres sont pour une suppression, car ils voient dans une production plus importante une chance de rentabiliser leur investissement. Dans ce second cas, les étudiants s’interrogent aussi sur les moyens d’écouler au mieux les surplus. En 2015, la nouvelle Politique Agricole Commune prévoit de supprimer les quotas. Les témoignages de l’un ou l’autre fils d’agriculteur nous donnent aussi l’opportunité d’envisager la problématique sous un angle nouveau et très concret. Pour certains, c’est la première fois qu’ils ont l’occasion de témoigner de leur réalité de fils/fille d’agriculteur belge et les difficultés que ce métier comporte. On les sent très impliqués et les autres étudiants sont tout ouïe.

Au niveau des solutions avancées pour sortir la filière lait de la crise, les étudiants ont plusieurs fois évoqué les circuits courts et la vente directe chez l’agriculteur ou via des coopératives, petits magasins de quartier. Un retour en arrière en quelque sorte, mais tous s’accordent pour dire que le système actuel ne fonctionne pas puisque producteur et consommateur n’ont aucune prise sur les prix. La question d’imposer un prix minimum garanti au producteur par litre de lait fut systématiquement abordée dans les groupes de discussions. Une autre piste proposait d’offrir un meilleur soutien aux agricultures familiales, plus locales et diversifiées, mais aussi plus respectueuses de l’environnement. Ou encore, de limiter les importations de denrées alimentaires disponibles dans nos pays.

Et le Sud dans tout ça…

Daouda Diallo et Dramane Coulibaly, partenaires du Sénégal et du Niger ont également témoigné de la réalité dans leur pays en expliquant que plus de 90 % du lait consommé était du lait en poudre importé et que les productions locales rencontraient de nombreuses difficultés en terme d’accès aux infrastructures de réfrigération et de route. Cela rejoint la question du surplus de production dans nos pays d’Europe : qu’en faisons-nous ? Les pays du Sud parviendront-ils un jour à être autosuffisants ? Comment y parvenir ? Quel étonnement pour les étudiants aussi de découvrir que la production moyenne journalière d’une vache africaine est de 3 litres ! Ces témoignages du Sud offraient une nouvelle perspective très enrichissante pour les étudiants.

Autant de questions et de pistes de solution qui nous ont amenés au concept de souveraineté alimentaire. Une notion nouvelle pour beaucoup d’étudiants, mais qui a le mérite de recouper de nombreuses propositions formulées.

Bref, ce fut une expérience enrichissante pour les étudiants et les différents partenaires impliqués dans cette opération de sensibilisation et de réflexion. À renouveler…

Plus de renseignements sur le site des partenaires :